dimanche 30 octobre 2011

Quelle heure est-il, Mme Persil ?

Pour la 35e fois depuis 1976, nous changeons d’heure. Instaurée en parallèle de l’impérissable slogan « En France, on n’a pas de pétrole, mais on a des idées », en réaction à la crise pétrolière de 1974, cette mesure est censée nous faire économiser de l’énergie. L’homme s’est donc affranchi du rythme naturel du jour, le soleil n’est plus jamais au milieu du ciel à midi, sauf en Angleterre en hiver. L’Angleterre est à l’heure de Greenwich de fin octobre à fin mars, à Greenwich + 1 en été, ce qui est naturel puisque le méridien passe plus ou moins au milieu du pays. La France est à Greenwich + 1 en hiver, Greenwich + 2 en été (le méridien passe un peu à l’ouest du Havre, à l’est de Bordeaux, et du côté de Tarbes). Greenwich + 2, c’est l’heure du méridien de Berlin, imposée à la France durant l’Occupation. En 1945, le gouvernement français instaura l’heure légale à Greenwich + 1, un compromis entre l’heure « naturelle » de notre fuseau horaire (Greenwich) et l’heure allemande. En été, nous sommes donc décalés de 2 heures par rapport au soleil, et plus personne en France ne voit midi à sa porte avec le soleil au milieu du ciel. L’homme décide donc de son heure, au mépris de la nature. Cette arrogance est un signe des temps, celui d’une espèce qui veut commander au reste du monde vivant, au rythme naturel des choses. Un dîner en été sous les étoiles n’est plus possible avant 23 heures, ce qui nuit un peu à la poésie si l’on doit se lever aux aurores le lendemain, compétitivité internationale oblige. Il n’est jamais bon de se couper de la nature ; chassez-la, elle revient au galop, et vous la prenez en pleine figure. Il y aurait des façons plus naturelles d’économiser l’énergie, éteindre les téléviseurs que personne ne regarde, ne pas prendre la voiture pour faire 500 mètres, ne pas laisser des vitrines allumées toute la nuit, devant lesquelles aucun chaland ne passe... Mais comme toujours dans les activités humaines, il faut d’abord aller au bout de l’excès avant de revenir à la raison.

jeudi 27 octobre 2011

L'Europe, de la Chine au Brésil

La vision du Général se révèle aujourd'hui un peu étriquée (L'Europe, de l'Atlantique à l'Oural). Parmi les dispositions de l’accord européen d’hier (qui ne règle rien définitivement, mais depuis le succès des séries TV, nous avons pris l’habitude des histoires racontées en plusieurs épisodes) figure la participation éventuelle des pays émergents au sauvetage, et principalement la Chine et le Brésil. Aujourd’hui les économies des grandes régions du monde sont interconnectées, et personne n’a envie de voir l’Europe s’enfoncer dans une crise sévère, ce qui aurait un impact douloureux sur les exportations des autres pays. Le monde entier a donc intérêt à voir l’Europe résoudre ses problèmes, et en particulier la Chine, dont l’Europe est le 1er partenaire commercial, devant les USA. Les bonnes âmes poussent aussitôt des cris d’orfraie à l’idée que l’Empire du Milieu demande des contreparties (sourdine mise à propos des droits de l’homme, des libertés civiles, des quotas d’exportations...) Avant de donner des leçons, rappelons que nous avons soutenu pendant de nombreuses années (droite et gauche) de grands démocrates comme Hosni Moubarak, Zine el-Abidine Ben Ali, Hassan II et... Mouammar Kadhafi. Les critères aujourd’hui sont clairs, ce sont les mêmes qu’hier : ceux qui ont les poches pleines dictent la marche à suivre, l’Allemagne dans la zone euro, et les grands émergents à l’extérieur. N’espérez pas qu’ils se montrent altruistes. Les grands pays occidentaux ne l’ont pas été quand ils menaient le monde ; pourquoi ces « nouveaux maître de l'économie » le seraient-ils ?

mardi 25 octobre 2011

Effets de style

Les lunettes de soleil grotesques viennent de perdre un grand supporter avec la mort de Mouammar Kadhafi. Heureusement, il reste Bono et Kim Jong-il.

Printemps arabe, automne islamiste ? (2)

La Libye est donc libérée. Moustapha Abdeljalil, le président du Conseil National de Transition, l'a proclamé. Il a aussi déclaré que le pays serait désormais régi selon la charia, la loi fondamentale islamique. Selon la charia, l'homme a tous les droits sur sa femme ; il peut la répudier. La polygamie est permise, sans limites. Une femme adultère peut être lapidée. Une personne qui a bu de l'alcool peut recevoir des coups de fouets. La même peine s'applique aux relations sexuelles hors mariage. Les voleurs peuvent être amputés de leur main. Ceux qui défendaient les dictatures des pays arabes disaient que c'étaient des remparts contre l'islamisme radical, qui serait un régime bien pire. Il serait vraiment consternant qu'ils aient bientôt raison.

Printemps arabe, automne islamiste ?

La Tunisie a donc connu ses premières élections libres (aux dires de tous les observateurs). Le parti islamiste Ennahda semble arriver en tête, avec jusqu’à 40% des voix (les résultats ne sont pas encore définitifs). Les femmes et les démocrates s’inquiètent pour les libertés fondamentales. Mais qui a porté en tête ces islamistes, sinon ceux qui ont voté ? Là est le paradoxe de la démocratie. Ceux qui ont chassé un dictateur au prix de morts et de sacrifices iraient se mettre volontairement sous le joug islamiste ? Quel que soit le pays, quand la religion s’entremêle à l’État, la liberté n’est pas là. Souhaitons aux Tunisiens de se libérer de toutes les emprises.

dimanche 23 octobre 2011

L'Europe des illusionnistes

Malgré la cacophonie et l’incohérence habituelles de la communication des dirigeants européens, ce qui se prépare est assez clair : d’un côté, la Grèce fait défaut sur sa dette pour environ 50%, ce qui entraîne de grosses pertes pour les banques qui la détiennent. D’un autre côté, on recapitalise ces mêmes banques pour leur permettre de supporter le choc, avec environ une centaine de milliards. De l’argent privé est donc perdu, remplacé par de l’argent public. Une fois de plus, les contribuables paient pour les erreurs et les folies des banquiers, pour leur permettre de continuer à payer des salaires sans aucun rapport avec la richesse réelle produite et de verser d’extravagants bonus. Et pour faire « avaler » le stratagème, on dramatise à l’excès les péripéties des tractations, pour faire peur à tout le monde, parce que la peur annihile le jugement. Il est évident qu’une solution sera trouvée mercredi prochain, tout simplement parce que le dirigeant qui serait vu comme responsable de l’échec peut dire adieu à la suite de sa carrière politique. Ces mesures pour venir au secours d’un secteur bancaire qui produit essentiellement des profits pour lui-même et des crises pour tous les autres doivent être accompagnées d’une régulation beaucoup plus stricte : c’est l’intention des gouvernements. Mais souvent l’intention se perd dans les méandres des dispositions réelles prévues par les accords. Le diable est dans les détails, c’est bien connu.

samedi 22 octobre 2011

La Mercenault, haut de gamme automobile

Renault annonce un partenariat avec Mercedes pour concevoir et construire des modèles réellement haut de gamme. Au pays des pionniers de l’automobile, des Delahaye, Delage, Léon Bollée, Bugatti, l’un des deux principaux constructeurs français n’est pas capable de proposer des équivalents à BMW, Audi et Mercedes. Au-delà de ce fait, il semble que le modèle allemand soit devenu la référence absolue en France. Fiscalité : faisons comme les Allemands ! Industrie : pareil ! PME : même chose ! Automobile : idem ! Espérons seulement que, dans le domaine de l’humour et de la cuisine, nous continuerons à faire chambre à part.

vendredi 21 octobre 2011

La société de toutes les brutalités

Prenez la Bourse : il y a 15 ans, les mouvements à la hausse ou à la baisse dépassaient rarement 1,5 à 2 % en une journée. Aujourd’hui, il n’est pas rare de voir des ajustements soudains et brutaux de 4 à 5 % d’un jour sur l’autre. Prenez la météo : on peut perdre ou gagner aujourd’hui 10 à 15°C en une journée, par rapport à la veille ; ces variations se font de plus en plus fréquentes. Les intempéries elles-mêmes (orages, pluies, grêle...) surviennent de façon plus brutale qu’avant. Prenez les rumeurs : l’annonce d’un projet de suppression d’un mois de vacances d’été sur les réseaux sociaux a instantanément mobilisé les lycéens, qui ont manifesté avec force et dégâts, avant qu’un démenti très ferme ne les calme aussi vite qu’ils s’étaient énervés. Prenez l’entreprise : l’agressivité est encouragée, sous prétexte de compétitivité (a priori, quelqu’un d’aimable ne serait pas compétitif ; une récente étude américaine démontre que les hommes désagréables sont mieux rémunérés que les autres. Ce n’est pas le cas pour les femmes*). Les décisions de fermeture de sites et de licenciements sont annoncés sans ménagement, ce qui entraîne immédiatement la séquestration des directeurs. Prenez les enseignants, qui font cours devant des élèves qui écoutent plus leurs portables que leurs professeurs, et qui se font casser la figure par les parents dont ils ont sanctionné les enfants. La brutalité tous azimuts s’installe, se banalise. L’évolution classique des sociétés est la suivante : barbarie > évolution > civilisation > apothéose > décadence > barbarie. Où en sommes-nous aujourd’hui ? Décadence ? Retour à la barbarie ?

* http://www.letemps.ch/Page/Uuid/cdc959a2-fb2a-11e0-8123-9c628a310ec4|0

mercredi 19 octobre 2011

1,3 milliard de non-branchés

Dans votre appartement, vous avez sans doute un téléviseur, un four à micro-ondes, un lave-vaisselle, une machine à laver, un ordinateur, une radio ou deux... Ce confort si banal peut nous faire oublier que sur notre planète bleue, 1,3 milliard de personnes n’ont toujours pas accès à l’électricité, et 2,7 milliards n’ont rien d’autre qu’un feu pour cuisiner. Ces personnes ne peuvent pas recharger leur smartphone à la prise la plus proche, ni réchauffer un plat cuisiné au micro-ondes (qu’ils ne pourraient de toute façon pas s’offrir). Avec l’austérité qui s’annonce, il est peut-être salutaire de réfléchir deux minutes à notre degré de confort réel, à notre richesse collective vis-à-vis de milliards de personnes qui ont des soucis quotidiens plus pressants. Le dernier rapport de l’AIE (Agence Internationale de l’Énergie), à paraître le 9 novembre, nous rappelle tout cela, et remet beaucoup de choses en perspective.

(http://www.worldenergyoutlook.org/)

mardi 18 octobre 2011

Dennis Ritchie, pour mémoire

Vous connaissez Dennis Ritchie ? Sans doute non. C'était le co-créateur du langage informatique UNIX, sur lequel sont fondés Mac OS et Linux. Il a eu la malchance de mourir juste après Steve Jobs, dans l'indifférence générale. Il faisait partie de ces vrais génies de l'informatique, comme François Gernelle, le véritable inventeur du micro-ordinateur. Un article du Point.fr rend justice à Dennis Ritchie.

http://www.lepoint.fr/high-tech-internet/dennis-ritchie-l-autre-genie-mort-en-octobre-2011-17-10-2011-1385493_47.php

Il ne lui manquait que la parole

Le nouvel iPhone 4S possède donc un système de reconnaissance vocale, ce qui offre deux avantages décisifs :
— le fait de pouvoir exaspérer encore un peu plus vos voisins dans un endroit public, qui sont déjà au courant des moindres détails de votre vie intime,
— et le fait de pouvoir désormais parler à son téléphone comme on parle à son chat ou à son chien. Espérons que ce système soit très vite étendu aux Macs et à l'iPad, ce qui permettra de se passer de ses amis en chair et en os et de mener une nouvelle vie idéale entouré de tous ses amis numériques, qui sont toujours d'humeur égale, toujours d'accord avec vous et vous obéissent sans état d'âme. Une vie de rêve.

lundi 17 octobre 2011

Retour vers le passé

François s'avance, une rose rouge à la main. Il se recueille, et jette la rose rouge à la Seine.* Non, nous ne sommes pas en 1981, et il ne s'agit pas de Mitterrand. Nous sommes en 2011, et il s'agit de François Hollande. Évoquer une "geste" d'il y a 30 ans pour apporter des solutions aux problèmes de 2011 n'incline pas à l'optimisme. Mieux vaudrait vivre dans le présent et tenter d'apporter des solutions neuves ; on ne conduit pas une voiture en regardant tout le temps dans le rétroviseur. Les Socialistes ont quelques mois pour s'apercevoir qu'ils sont au 21e siècle. Espérons une rapide mise à jour.
*François Hollande commémorait le cinquantenaire de la manifestation des Algériens le 17 octobre 1961 à Paris, brutalement réprimée par la police.

P.S. (post-scriptum)

Les jeux sont faits, François a gagné, Martine a perdu, mais tout va bien, tout le monde sourit sur la photo, même les éliminés du premier tour. Chacun a exposé son programme, défini ses objectifs, allant de la réalité au rêve. Il y a cependant une chose dont personne n'a parlé, qui ne figure dans aucun plan d'action : la suppression des dépenses inutiles et la chasse aux gaspillages et gabegies en tout genre qui se sont accumulés depuis 30 ans. Il suffit de lire le dernier numéro du Point pour être plongé dans l'horreur : mauvaise gestion, désinvolture budgétaire, dépenses excessives et improductives à tous les étages, sur tout le territoire. L'État est un gigantesque Pacman qui dévore nos euros de façon vorace, sans se préoccuper de la pertinence des dépenses, sans rendre de comptes à qui que se soit. À l'heure des efforts et du désendettement, cette gabegie est insupportable. Il serait temps de s'en indigner, et de le manifester. Le moment est favorable, parce que le temps des urnes se rapproche.

mercredi 12 octobre 2011

Très mauvaise impression

Pour le 4e jour consécutif, "Le Monde" est absent des kiosques. Cette non-parution est due à la grève des personnels de l'imprimerie, pour s'opposer à la restructuration d'un centre d'impression qui ne cesse de perdre de l'argent. Je l'ai déjà écrit, je le redis : le Syndicat du Livre CGT est le grand fossoyeur de la presse en France, avec son aveuglement et son jusqu'auboutisme forcené. La bonne nouvelle étant que, quand ces gens-là seront tous à Pôle Emploi, ils ne pourront plus faire grève.

Le géant slovaque

La Slovaquie, pays de 5,5 millions d’habitants, au PIB annuel de 90 milliards d’euros (à peu près le déficit de la France cette année) et qui contribue au FESF* à hauteur de 1%, vient de dire non à l’évolution de ce fonds pour permettre de régler la crise des dettes souveraines européennes. Ce non bloque complètement le processus, déjà accepté par les 16 autres pays de la zone euro, puisque celui-ci requiert l’unanimité. Dans le même temps, l’UE vient d’accorder à la Serbie le statut de « candidat », c’est-à-dire de futur membre. Sans doute pour se garantir une réserve sans fin de conflits et d’obstructions dans l’avenir. La remarque d’un diplomate européen (l’Europe n’a pas de voisins, elle n’a que des futurs membres) s’avère plus vraie chaque jour. Avant de grossir sans cesse, il vaudrait mieux modifier d’abord cette loi de l’unanimité qui est déjà intenable, à 17 ou à 27. Mais le bon sens n’est pas la valeur la plus en vogue en Europe ces jours-ci.
P.S. Le non slovaque résulte d’un jeu politicien pratiqué par un petit parti de la coalition actuellement au pouvoir. Un nouveau vote est possible, un oui est probable avec un changement d’alliance. Encore une fois, l’intérêt général compte pour du beurre.
*FESF : Fonds Européen de Stabilité Financière.

Tout se complique

Au commencement en France, les choses étaient simples : il y avait la Droite et la Gauche. Ensuite est venu le Centre, qui s'est rapidement décomposé en Centre droit et Centre gauche, pendant que l'extrême-Droite et l'extrême-Gauche s'installaient. La Droite s'est ensuite rassemblée, pour mieux se subdiviser en Droite populaire, Droite rurale, Droite sociale, Droite centriste, Droite chrétienne et maintenant Droite humaniste. Vous suivez toujours ? L'autre camp n'est pas en reste : il y a maintenant la Gauche molle et la Gauche dure, uniquement à l'intérieur du PS, cela ne concerne pas le Parti de Gauche de monsieur Mélenchon, qui est à gauche de la Gauche classique mais légèrement à droite de l'extrême-Gauche. Si vous n'êtes pas au moins Bac + 5, vous aurez du mal à y voir clair pour 2012.

mardi 11 octobre 2011

À la lettre

Au temps des e-mails, des sms, de Twitter et du tout-Internet, il est amusant de voir une lettre causer autant d'émoi. Une lettre ! Cette missive envoyée par le "troisième homme" des primaires du PS est une véritable mise en demeure vis-à-vis des deux candidats sélectionnés pour le second tour. Ceux-ci ne peuvent évidemment pas y répondre totalement, sauf à se renier et à tromper les électeurs qui ont voté pour eux. Dilemme intéressant à suivre cette semaine.

La Rentrée n'était pas de sortie

Le mot d’ordre de mobilisation syndicale n’a pas fait recette aujourd’hui, la « Rentrée sociale » digne de ce nom est reportée à une date ultérieure. Le mot d’ordre était trop vague, les syndicats désunis, l’élan n’est pas là. Un coup pour rien. Attendons la grève d’Air France, prévue évidemment au moment des départs des vacances de la Toussaint.

L'Europe compte

Quand l’Europe est en crise, elle inquiète la planète. Barack Obama la presse de régler ses problèmes (qui sont nés aux USA, avec les subprimes). Les Chinois l’assurent de leur soutien, ainsi que les Brésiliens. Les pays du Golfe veulent aider. La bonne nouvelle de tout cela, c’est donc que l’Europe compte encore dans le monde, et qu’on ne peut pas se passer d’elle. Les 27 pays de l’UE réunis représentent toujours le 1er PIB mondial (25,85% du total en 2010, 23,13% pour les USA*), et la déclaration Sarkozy-Merkel de dimanche, bien que creuse, a suffi à rassurer l’Asie, dont les marchés sont en hausse ce matin. Imaginez l’Europe si les décisions se prenaient rapidement, s’il y avait un véritable gouvernement économique, une politique commune cohérente... Cela représenterait une puissance formidable, capable de relever tous les défis de la mondialisation, plutôt que de rêver à un impossible retour en arrière. Une grande partie de la crise ne tient qu’à la médiocrité des dirigeants européens, à la cacophonie de leurs déclarations, à leurs divergences, à une absence de vision claire pour le présent et l’avenir, en un mot : à la désunion européenne. Le cœur du problème est là. Le G20 se tient à Cannes dans 3 semaines. Peut-on espérer un sursaut ? Des décisions fortes ? Le temps des molles déclarations de principe n’a plus cours.
*Source : Banque mondiale.

lundi 10 octobre 2011

Excellente réunion

Le résultat de la dernière réunion hier 9 octobre entre Nicolas Sarkozy et Angela Merkel peut se résumer à ceci : ils se sont mis d'accord pour déclarer qu'ils sont d'accord sur le principe d'une recapitalisation des banques européennes. Reste à régler les "détails", c'est-à-dire tout. L'Europe a encore fait un grand pas en avant hier.

vendredi 7 octobre 2011

Éloge du Stevisme

S’il y avait sur la planète aujourd’hui 200 Steve Jobs, le capitalisme n’aurait aucun problème. Deux cents entrepreneurs visionnaires, intransigeants, charismatiques, capables d’offrir au public des produits qui sont des gratifications (simples d’usage, beaux, utiles), qui deviennent instantanément irrésistibles et qui redéfinissent à chaque fois les marchés qu’ils investissent (l’informatique personnelle, la musique, la téléphonie...) Deux cents chefs d’entreprises exceptionnels répartis dans les principaux secteurs de l’économie. Imaginez les magnétoscopes avec un Steve Jobs : tout le monde aurait su s’en servir, et ils auraient ressemblé à autre chose qu’aux boîtes banales logées sous les téléviseurs (bonne nouvelle : ils sont en voie de disparition). Imaginez l’électroménager avec un Steve Jobs : les machines à laver, les lave-vaisselle, les aspirateurs seraient des objets de désir. Tout se vendrait à des millions d’exemplaires, et les gens feraient la queue toute une nuit devant chez Darty ou Boulanger !
Mais l’émotion mondiale suscitée par son décès montre justement que c’était quelqu’un d’exceptionnel, et donc rare. Le fabuleux succès d’Apple est là pour le démontrer, avec une création d’image et de richesse sans équivalent (2e capitalisation mondiale derrière Exxon).
Que peut-on accomplir dans une vie ? Si l’on est banquier, on « fourgue » des crédits à des gens insolvables, on provoque une crise mondiale et on jette à la rue des millions de gens par expulsion de leur maison ou par chômage, tout en encaissant des bonus obscènes. On est renfloué par de l’argent public, et deux ans après on recommence. Si l’on est un grand patron, on mène son entreprise au bord du désastre par excès de mégalomanie (ou même escroquerie) et on la quitte avec une confortable retraite chapeau. Si l’on est un politique, on intrigue pour être élu, on intrigue pour être réélu, et entretemps on se révèle incapable de faire ce que l’on a promis à ces benêts que sont les électeurs. Si l'on est Steve Jobs, on bâtit une entreprise qui propose à des millions de gens des objets intelligents, remarquablement conçus, les plus beaux de leurs marchés respectifs, avec lesquels on a plaisir à vivre et à travailler.
Quelle vie préfèreriez-vous mener ? Quels sont les principes qui vous guident ? Il n’y a pas de meilleure illustration à propos de ce choix que le discours prononcé par Steve Jobs en 2005 devant les nouveaux diplômés de l’université de Stanford, en Californie. Un discours sincère, émouvant, très intime. La fameuse formule finale (Stay hungry, stay foolish) a comme d’habitude été traduite n’importe comment par la presse française (Soyez insatiables, soyez fous). Il faudrait plutôt dire : Restez affamé, restez insensé. À rapprocher de l'expression habituelle de Steve pour apprécier un bon produit : it’s insanely great ! (c’est démentiellement génial). Ci-dessous, le lien pour voir (et écouter) le discours, en V.O. et V.O. sous-titrée.

http://news.stanford.edu/news/2005/june15/videos/53.html

http://www.dailymotion.com/video/x5m47b_vostfr-steve-jobs-stanford-commenc_news

mercredi 5 octobre 2011

La vraie rentrée

Le signe le plus sûr que "la Rentrée" est vraiment officielle, ce sont évidemment les manifestations. Celle des enseignants vient d'avoir lieu. Fidèle à la tradition, la maison Chérèque & Thibault et leurs partenaires nous annoncent une grande journée d'action pour le mardi 11 octobre. Fidèle à sa tradition, le dissident Mailly n'y participera pas, réservant sa force ouvrière à d'autres combats plus appropriés, selon lui. Quels sont les effets de ces manifestations ? Faibles, a priori, voire inexistants. Mais il faut bien "faire quelque chose", disent les syndicats. Pour les Parisiens, il y aura un effet certain mardi prochain : foutoir et embouteillages une bonne partie de la journée. Bon courage.

Présidentielle : tiens, pourquoi pas moi ?

Jean-Louis Borloo s'est retiré de la course, avec sincérité et responsabilité. Mais Corinne Lepage se déclare. Christine Boutin y va. Hervé Morin a très envie. Ces gens-là n'ont évidemment aucune chance d'être élus, et cela n'a pas d'importance : sous couvert de discours sur leurs "valeurs", il s'agit d'ego et de vanité plus que de volonté de servir le pays. La Présidentielle est l'élection majeure en France ; ce n'est pas un concours de beauté, et on n'y va pas comme on va chez le coiffeur. Il serait bon que ces électrons libres redescendent sur terre et fassent preuve d'un peu de décence, a fortiori face aux enjeux économiques et sociaux déterminants de 2012.

Pomme de discorde

Les Applemaniaques sont déçus. Le dernier iPhone n'est pas un numéro 5, mais un numéro 4 amélioré (traduction : ils ne pourront pas frimer avec dans les mains un modèle visiblement différent du précédent, "moi je l'ai et pas vous !"). Il n'y a aucune révolution, mais ça ne fait rien : comme à chaque fois qu'Apple éternue, les médias y vont de leurs cohortes d'articles et de commentaires qui représentent des sommes faramineuses en équivalent publicitaire, abusés (hypnotisés ?) par le talent marketing de la machiavélique Pomme. D'après tous les tests que j'ai lus, le Samsung Galaxy SII est bien meilleur que l'iPhone. Mais ça ne fait rien. Un iPhone, sinon rien ! Les mêmes qui ont ce comportement de lemmings se déclareront publiphobes et insensibles à la publicité dans de prochains sondages. Pendant ce temps, à Cupertino, on engrange les bénéfices, avec un sourire large... comme une banane.
(P.S. Je ne suis pas anti-Apple, loin de là : j'utilise un MacBook Pro 17" et j'admire la beauté et la simplicité d'usage des produits. Mais j'aime bien aussi pratiquer la lucidité).

lundi 3 octobre 2011

Borloo jette l'éponge

Donc, le capitaine Borloo n’ira pas à la bataille. Manque de troupes, manque de soutiens. C’est peut-être son ange gardien qui lui a soufflé cette sage décision (oui, les anges existent, c’est officiel, après la déclaration solennelle faite hier par Benoît XVI). Dans sa forteresse de l’Élysée, le général Sarkozy, ce Bonaparte de Neuilly, jubile : il ne devrait pas être trop difficile de récupérer le grand enfant prodigue. Au centre, par contre, on fait grise mine. On se retrouve un peu démuni, et ce n’est pas le lieutenant Morin, un peu falot, qui sera capable de reprendre le flambeau. Au centre du centre, le commandant Bayrou doit se frotter les mains, le terrain se dégage, une éclaircie se profile, sa cote va remonter. À gauche, il serait bon de commencer à se méfier : la candidature unique à droite se profile, ce qui contribue à agiter l’abominable spectre du 21 avril 2002 (pour ceux qui étaient en hibernation à l’époque : pas de Gauche au second tour). Les sondeurs doivent en ce moment-même nous sonder à tour de bras, pour nous annoncer officiellement ce que pensent les Français (c’est-à-dire nous) de cette nouvelle configuration.
Morale de l’histoire : rien n’est jamais joué tant que les jeux ne sont pas faits.

dimanche 2 octobre 2011

La morale et la modestie, valeurs en hausse ?

La semaine dernière, Nicolas Sarkozy a déclaré que la droite « perdrait avec dignité » la présidence du Sénat, en évitant les tractations sordides. Hier, Jean-Pierre Bel, nouveau président PS du Sénat, déclarait vouloir une présidence sous le signe (entre autres) de la modestie. Cette vertu serait la bienvenue au Palais du Luxembourg, compte tenu du train de vie mené par les principaux dirigeants de la Haute Assemblée (mon post « un train de vie de sénateur », ci-dessous). Associée à un peu de frugalité, cette modestie pourrait changer pas mal de choses, si elle est réellement pratiquée. Ces deux faits ne sont bien sûr que deux bouchons de liège dans un océan de cynisme. Mais on peut toujours espérer ; tout n'est pas noir.

samedi 1 octobre 2011

Alain et François

Après la Bérézina au Sénat pour la droite, des voix chuchotent à l'UMP qu'il faudrait peut-être penser à un candidat de substitution éventuel pour la présidentielle de 2012, au cas où. Ces voix avancent souvent le nom d'Alain Juppé. Il est certain que l'homme a l'expérience, l'intelligence, une stature et des qualités qui lui permettraient d'assumer la fonction. Mais il ne sera jamais président de la République, parce qu'il lui manque l'essentiel : l'empathie. Il n'est pas très chaleureux (du moins en public), il ne va pas naturellement vers les gens. Il est réticent à "flatter le cul des vaches", comme Chirac, ou à "prendre la France à bras-le-corps", comme savaient le faire le Général et François Mitterrand. Les Français aiment qu'on les aime, et ils ne confient la fonction suprême qu'a ceux qui ont "payé de leur personne" en manifestant cette empathie. François Hollande l'a bien compris, qui a "labouré" depuis des semaines le territoire et qui se retrouve en tête des sondages pour les Primaires socialistes, après un net retard initial (Nicolas Sarkozy est en train de faire exactement la même chose en ce moment). Aimez-moi et je vous aimerai, semble dire le peuple. L'élection présidentielle est une rencontre entre un homme et un peuple, c'est aussi une rencontre amoureuse.