mardi 31 janvier 2012

L'Inde vote Nicolas Sarkozy

L'achat plus que probable (le contrat reste à finaliser) de 126 Rafale par l'Inde est une énorme bonne nouvelle économique, mais aussi politique. Pour le première fois, le Rafale est vendu à l'étranger, ce qui va contribuer à réduire le déficit commercial et à favoriser l'emploi, et peut-être à "briser la malédiction" et avoir un effet d'entraînement pour les autres marchés où le Rafale est en compétition (La Suisse). Mais c'est aussi une formidable nouvelle politique pour le président de la République, qui ne manquera pas de l'exploiter en faisant valoir les notions de volonté, d'excellence française et de "courage" pour se battre à l'exportation et faire gagner les entreprises françaises. Deux ou trois autres bonnes nouvelles de même nature pourraient faire bouger les choses d'ici le printemps. Rien n'est encore joué.

dimanche 22 janvier 2012

Pas de crise pour les pandas géants

Selon les dernières informations, que nous attendions avec fébrilité, Huan Huan et Yuan Zi semblent ravis de leur nouveau logement. Arrivés par avion spécial, ces deux pandas ont pris possession de leurs quartiers de vie sous l’œil de 100 journalistes accrédités et de 8 télévisions qui retransmettaient en direct. Ils n’ont pas eu besoin de Droit au Logement pour trouver leur nouveau foyer : le zoo de Beauval leur a aménagé un cadre de vie adapté pour un investissement de 4 millions d’euros. Chaque jour, 25 sortes de bambous leur sont proposées, pour satisfaire leur grand appétit (ces bambous ne viennent pas des Restos du Cœur). Huan Huan et Yuan Zi seront visibles à partir du 11 février. Ils n’ont qu’un seul regret : celui de n’avoir pu faire leurs achats dans une boutique Louis Vuitton avant de gagner leurs pénates.

mardi 17 janvier 2012

Lu et approuvé : Hemingway on writing

J’ai décidé d’élargir les sujets de ce blog, comme l’indique le chapo (en presse, le chapo est le résumé de l’article que l’on va lire. il est placé entre le titre et le texte, et composé en gras ou dans un corps plus gros. Son orthographe pittoresque sert à le distinguer du couvre-chef). Je vous parlerai donc, entre autres, de mes lectures, si ça peut vous être utile. J’ai donc lu « Hemingway on writing », qui est une compilation de ce qu’Ernest Hemingway a écrit — dans sa correspondance, dans ses récits, ses articles, ses romans — à propos justement de l’écriture (le livre existe en anglais, mais à ma connaissance n’a pas été traduit en français). Ce sont des conseils, des remarques, des avis le plus souvent judicieux et sensés, dans le style net et droit qui a rendu l’auteur célèbre. Deux conseils parmi d’autres : 1) écrivez du mieux que vous pouvez. 2) Terminez ce que vous avez commencé. Et Ernest ajoutait : commencer un roman n’est pas difficile. Ce qui est difficile, c’est de le terminer, c’est-à-dire de produire un livre bien écrit, cohérent et intéressant (combien de romans récents  peuvent soutenir ces critères ?). Ernest disait aussi : lisez les plus grands (Tolstoï, Dostoievsky, Stendhal, Flaubert...) pour bien connaître ceux que vous devez battre (!). On peut appeler ça une ambition. Une lecture éclairante pour ceux qui aiment lire, et écrire.

Ernest Hemingway on writing, édité par Larry W. Phillips, chez Scribner.

lundi 16 janvier 2012

Les incapables majeurs

D’un point de vue juridique, un incapable majeur est un individu de plus de 18 ans dont les capacités de jugement et d’action sont gravement altérées, et qui doit être placé sous tutelle. C’est exactement le cas de la plupart de nos politiques, de droite et de gauche, qui ont géré les finances de la France depuis plus de 30 ans avec une incompétence et une désinvolture telles que notre pays se retrouve avec une montagne de dettes, et donc dégradée par la plus influente des agences de notation, Standard & Poor’s. N’importe quelle entreprise gérée de la sorte aurait fait faillite depuis longtemps. À 100 jours d’une échéance majeure, qui déterminera le choix des mesures à mettre en œuvre, la teneur du débat politique français est pitoyable. On assiste à une bagarre de garnements dans la cour de récréation, avec coups bas, insultes et crachats, alors que l’école est en feu. La capacité de ces incapables de tous bords à régler les problèmes est égale à zéro, ce qui exaspère une partie croissante de la population, et pousse déjà un Français sur trois vers l’extrême droite.
Au niveau de l’Europe, l’incapacité des dirigeants à oublier leurs ego et à instaurer plus de convergence et de solidarité européennes est flagrante. Les accords conclus à grands peine dans les « sommets » européens sont ensuite démantelés par chaque pays, qui demande exceptions et dérogations qui réduisent ledit accord à rien du tout.
C’est exactement le problème que pointe S&P dans son rapport : manque de solidarité européenne, trop de politiques d’austérité qui ne feront pas repartir la croissance, manque de cohérence économique et fiscale entre les pays. Plutôt que de hurler contre ce thermomètre, on devrait réfléchir au diagnostic, qui me semble plutôt fondé. S&P ne demande pas à l’Europe des remèdes qui seraient pires que le mal. S&P demande un ensemble de mesures sensées qui offre une perspective d’amélioration à moyen terme. Il n’y a que nos incapables majeurs pour trouver cela odieux et insupportable.

samedi 7 janvier 2012

Jeanne avec nous !

Au-delà des polémiques ineptes, on pourrait conseiller de lire un ouvrage éclairant et captivant à propos de Jeanne d'Arc : "le procès de condamnation", avec notamment les minutes de ce procès, qui montre la maturité, la lucidité et la finesse stupéfiantes de cette femme d'à peine 19 ans face à ses juges (Éditions Slatkine reprints, Genève). On peut aussi voir le très beau film de Robert Bresson, "Le procès de Jeanne d'Arc", disponible en DVD, qui reprend exactement beaucoup des réponses faites par Jeanne lors de son procès. On pourra ainsi dépasser la mélasse politicienne et vérifier pourquoi, après 600 ans, le mythe et le mystère demeurent.

vendredi 6 janvier 2012

Clic-clac, merci Kodak

La marque qui était le synonyme même de photographie est au bord de la faillite. L'inventeur de deux formidables pellicules (le Kodachrome et la Tri-X) risque de disparaître, pour avoir totalement raté le virage numérique. Le cours de Bourse s'effondre à Wall Street, les liquidités manquent, l'avenir est très sombre. Pensez que la plupart des grandes photos du 20e siècle ont été prises sur des pellicules Kodak. Aujourd'hui où les gens prennent en photo tout et n'importe quoi sans retenue, Kodak n'est plus dans le cadrage. La loi de Darwin sur l'évolution des espèces s'applique une fois de plus : quand votre environnement change, soit vous vous adaptez, soit vous disparaissez. Triste.

mardi 3 janvier 2012

Les bons et les mauvais Français

Claude Guéant, ci-devant ministre de l'Intérieur, souhaite mettre en place un "fichier des gens honnêtes" (sic !). Ce fichier national des gens qui n'ont rien à se reprocher devrait servir de base à la nouvelle carte d'identité électronique. Cette proposition a été votée en première lecture à l'Assemblée le 13 décembre ; le Sénat s'y était fermement opposé auparavant. Le principe est donc inversé : ici on ne fiche plus les malfaiteurs, mais les gens honnêtes, sous prétexte de sécurité renforcée, et l'on affirme que la France doit rester au même niveau de protection que les autres grands pays. Le problème est que ce type de projet a été abandonné par la Grande-Bretagne et les Pays-Bas, et que la carte d'identité n'existe pas aux USA. Si ce projet passe, entre 45 et 60 millions de Français devraient donc se retrouver fichés, ce qui est une atteinte aux libertés fondamentales. Et on ne sait jamais quelle peut être l'utilisation détournée d'un fichier (un autre objectif étant de favoriser les exportations de sociétés de sécurité françaises, même à notre détriment). Je disais donc : les libertés ne sont jamais acquises, même dans nos grands pays démocratiques. La vigilance est toujours à l'ordre du jour. Voir l'article d'OWNI, qui a révélé l'affaire.

http://owni.fr/2011/12/22/lobbying-pour-ficher-les-bons-francais/?utm_source=feedburner&utm_medium=email&utm_campaign=Feed%3A+Owni+%28Owni%29

lundi 2 janvier 2012

Poutine en Hongrie

Ce qui se passe en Hongrie est très inquiétant. Dans le nouveau projet de Constitution voté par le Parlement hongrois, le mot « république » a disparu du texte. Une référence à Dieu est apparue. Les médias sont sous contrôle, l’opposition est muselée. La banque centrale n’est plus indépendante. L’embryon humain est déclaré être une personne dès sa conception. Le taux de TVA est porté à 27% (certaines clauses n’ont vraiment rien à faire dans une constitution). La Hongrie se dirige donc tout droit vers un régime autoritaire ; elle fait partie de l’Union Européenne, qui réagit comme d’habitude avec la vigueur d’une limace contre des dispositions qui bafouent ses institutions. C’est une évolution consternante dans un pays qui a connu les ravages d’un régime collectiviste. Morale de l’histoire : il faut veiller sur nos libertés avec détermination et fermeté ; elles ne sont jamais acquises (voir le projet du fichier des « bons Français », sur lequel je vais revenir).