D’un point de vue juridique, un incapable majeur est un individu de plus de 18 ans dont les capacités de jugement et d’action sont gravement altérées, et qui doit être placé sous tutelle. C’est exactement le cas de la plupart de nos politiques, de droite et de gauche, qui ont géré les finances de la France depuis plus de 30 ans avec une incompétence et une désinvolture telles que notre pays se retrouve avec une montagne de dettes, et donc dégradée par la plus influente des agences de notation, Standard & Poor’s. N’importe quelle entreprise gérée de la sorte aurait fait faillite depuis longtemps. À 100 jours d’une échéance majeure, qui déterminera le choix des mesures à mettre en œuvre, la teneur du débat politique français est pitoyable. On assiste à une bagarre de garnements dans la cour de récréation, avec coups bas, insultes et crachats, alors que l’école est en feu. La capacité de ces incapables de tous bords à régler les problèmes est égale à zéro, ce qui exaspère une partie croissante de la population, et pousse déjà un Français sur trois vers l’extrême droite.
Au niveau de l’Europe, l’incapacité des dirigeants à oublier leurs ego et à instaurer plus de convergence et de solidarité européennes est flagrante. Les accords conclus à grands peine dans les « sommets » européens sont ensuite démantelés par chaque pays, qui demande exceptions et dérogations qui réduisent ledit accord à rien du tout.
C’est exactement le problème que pointe S&P dans son rapport : manque de solidarité européenne, trop de politiques d’austérité qui ne feront pas repartir la croissance, manque de cohérence économique et fiscale entre les pays. Plutôt que de hurler contre ce thermomètre, on devrait réfléchir au diagnostic, qui me semble plutôt fondé. S&P ne demande pas à l’Europe des remèdes qui seraient pires que le mal. S&P demande un ensemble de mesures sensées qui offre une perspective d’amélioration à moyen terme. Il n’y a que nos incapables majeurs pour trouver cela odieux et insupportable.
C'est un blog qui traite de l'actualité sous toutes ses formes, politique, économique, sociale, culturelle, cosmique, anecdotique, pittoresque, avec une triple garantie : orthographe impeccable, grammaire irréprochable, très peu d'anglicismes.
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lundi 16 janvier 2012
mardi 9 août 2011
Surcharge pondérale
Aux USA, où 6 Américains sur 10 sont en surpoids et 3 sur 10 en surpoids pathologique, même la dette est obèse. Standard & Poor's vient simplement d'exprimer ce que tout le monde pouvait constater, mais que personne ne voulait reconnaître : le roi est nu, ou plutôt, le roi est trop gros. Cette dette américaine est réellement trop énorme (plus de 14 000 milliards de $), le temps du régime est arrivé. Mais les mesures prises ne sont pas suffisantes pour faire maigrir le patient, et le consensus politique n'est pas là : c'est la signification de la dégradation de la note AAA à AA+. Comme pour un être humain, la difficulté consiste à mettre en œuvre un régime efficace, mais qui ne tue pas le patient, ou qui n'entraînera pas de carences. C'est ce délicat équilibre que les USA doivent réaliser : faire maigrir la dette sans tuer la croissance. La position jusqu'auboutiste et irresponsable des Républicains n'incite pas à l'optimisme.
Autre réflexion sur ces notes : l'alphabet n'aide pas à y voir clair. AAA représente 20/20, AA+ 19/20, comme l'explique Carol Sirou, responsable de S&P pour la France*. L'Espagne est ainsi notée AA (18/20) et l'Italie A+ (16/20). Si les agences de notation utilisaient ce système "/20", ce serait beaucoup plus clair et simple pour tout le monde, et sans doute moins dramatique dans ses effets (passer de 20/20 à 19/20 n'est tout de même pas une catastrophe). Mais il est vrai que la simplicité n'est pas populaire chez les économistes ; il suffit de les lire pour s'en convaincre.
*Interview donnée à Libération.
Autre réflexion sur ces notes : l'alphabet n'aide pas à y voir clair. AAA représente 20/20, AA+ 19/20, comme l'explique Carol Sirou, responsable de S&P pour la France*. L'Espagne est ainsi notée AA (18/20) et l'Italie A+ (16/20). Si les agences de notation utilisaient ce système "/20", ce serait beaucoup plus clair et simple pour tout le monde, et sans doute moins dramatique dans ses effets (passer de 20/20 à 19/20 n'est tout de même pas une catastrophe). Mais il est vrai que la simplicité n'est pas populaire chez les économistes ; il suffit de les lire pour s'en convaincre.
*Interview donnée à Libération.
dimanche 7 août 2011
Alphabet meurtrier
Standard & Poor's, la plus importante des agences de notation financière et économique, a donc dégradé la note des États-Unis (on imagine Barack Obama dans la cour de la caserne S&P, face à un triple rang de banquiers et d'investisseurs horrifiés, alors que l'analyste-chef en costume rayé lui arrache les galons "AAA" de ses épaulettes). Sitôt la nouvelle connue, les médias se sont précipités sur tous les économistes qui n'étaient pas en vacances. Quelles conséquences, quelles répercussions cette dégradation va-t-elle entraîner ? C'est grave, docteur ? Quand on lit les conseils ou les avis autorisés de tous ces experts distingués, on constate beaucoup de contradictions. Dans la liste des 400 plus grandes fortunes du monde que le magazine économique "Forbes" publie chaque année, à ma connaissance, il n'y a aucun économiste. Si ces gens-là savaient toujours quoi faire, ils seraient riches, non ?
Plus sérieusement, les agences de notation et les marchés boursiers vont obliger les dirigeants de la planète à faire, le dos au mur et dans l'urgence, ce qu'ils auraient déjà dû faire dans la sérénité et la coordination. Comme un écolier qui attend le dernier moment pour faire ses devoirs, dans la fébrilité et la précipitation. Pour un enfant c'est compréhensible, pour un grand dirigeant mondial c'est inadmissible. Les politiciens (et nous avec) vont payer cher la pitoyable pantalonnade américaine autour du relèvement du plafond de la dette, et les égoïsmes européens vis-à-vis des dettes souveraines.
En ce qui nous concerne, l'Europe économique va donc se faire de force, par la pression des marchés, et non pas par volonté.
Pour terminer, on peut être sûr d'une chose : s'il existait une agence de notation pour les politiciens, aucun d'eux n'obtiendrait la note AAA.
Plus sérieusement, les agences de notation et les marchés boursiers vont obliger les dirigeants de la planète à faire, le dos au mur et dans l'urgence, ce qu'ils auraient déjà dû faire dans la sérénité et la coordination. Comme un écolier qui attend le dernier moment pour faire ses devoirs, dans la fébrilité et la précipitation. Pour un enfant c'est compréhensible, pour un grand dirigeant mondial c'est inadmissible. Les politiciens (et nous avec) vont payer cher la pitoyable pantalonnade américaine autour du relèvement du plafond de la dette, et les égoïsmes européens vis-à-vis des dettes souveraines.
En ce qui nous concerne, l'Europe économique va donc se faire de force, par la pression des marchés, et non pas par volonté.
Pour terminer, on peut être sûr d'une chose : s'il existait une agence de notation pour les politiciens, aucun d'eux n'obtiendrait la note AAA.
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