lundi 11 mars 2013

Le Tour de France de François Hollande

Le président de la République s’en va donc en province (deux jours entiers !, soulignent les médias) inaugurant ainsi un Tour de France (avant le vrai) pour regarder le pays au fond des yeux, comme disait un de ses prédécesseurs. Il veut quitter Paris et ses jeux cruels de pouvoir, les méchancetés, les attaques, les dénigrements, cette dure loi de la politique, pour aller rencontrer la France profonde, parée de toutes les vertus, pour « expliquer sa politique et faire de la pédagogie ».
Mais François Hollande va aussi en province comme on va à Lourdes, en espérant un miracle (la baisse du chômage), une apparition (le retour de la croissance), ou tout au moins un signe (la remontée de sa popularité).
D’abord à Dijon, donc. En espérant que la célèbre moutarde ne montera pas au nez des Dijonnais accablés par les efforts passés et les efforts à faire, et qui ne voient pas « le bout du tunnel », expression que plus personne n’utilise, parce que personne ne s’attend à l’apercevoir bientôt.
Le président va donc nous expliquer, dans le cadre du Discours de Dijon, que sa politique est la bonne, que les temps sont durs, que c’est la faute à l’héritage, qu’il faut se redresser, et qu’il a un cap pour cela. Les Dijonnais pourraient lui rétorquer que faire de la pédagogie c’est bien, faire les réformes nécessaires c’est mieux. Mais ils ne seront sans doute pas aussi impolis (mise à jour mardi 12 mars : certains Dijonnais ont protesté, demandant "où sont les promesses du candidat Hollande" ; ils ont été virilement écartés par la police).
Ce déplacement sera donc de même nature que tous les autres déplacements politiques : du spectacle, des paroles, avec visite d’entreprises méritantes et de quartiers difficiles, réception à l’Hôtel de ville et bain de foule régénérateur, sous l’œil complaisant des caméras.
Les Dijonnais et les Français n’ont pas besoin de pédagogie : il leur faut un objectif clair, une perspective nette, des décisions et des actions rapides, courageuses et fermes. Le problème est que les Français ne sont pas les seuls à être déboussolés : ceux qui nous gouvernent le semblent tout autant. C’est inquiétant.

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