dimanche 11 septembre 2011

In memoriam

Il ne vous aura sans doute pas échappé que les USA célèbrent aujourd’hui le 10e anniversaire des attentats du 11 septembre 2001. Face à ce déferlement médiatique, quelques réflexions :
— La compassion semble être sélective. Sans la contester en aucune manière à propos du 11-Septembre, on peut noter que personne n’a commémoré, et ne commémorera sans doute pas, les 800 000 morts du génocide rwandais, les massacres de Screbenica,  les atrocités commises en Bosnie, en Somalie, au Darfour... Pour être commémorable, l’événement doit-il être médiatiquement spectaculaire et toucher obligatoirement l’une des grandes puissances économiques de la planète ?
— Ces attentats ont entraîné deux guerres : celle d’Afghanistan, que l’on peut considérer comme légitime, autorisée par l’ONU mais qui prend de plus en plus la direction d’une impasse, et celle d’Irak, totalement illégitime, fondée sur des mensonges : les liens de Saddam Hussein avec Al-Qaida, inexistants, et les armes de destruction massive, tout aussi inexistantes. Vous souvenez-vous de Colin Powell à l’ONU, en février 2003, brandissant une pathétique fiole supposée contenir une arme chimique ? Ceux qui ont effrontément menti aux peuples n’ont jamais été sanctionnés pour ces mensonges, qui ont provoqué des milliers de morts militaires et civils.
— Ces attaques ont aussi servi de justification au Patriot Act, la plus formidable restriction des libertés publiques que l’on ait connue dans une démocratie moderne. Écoutes sans limite des citoyens, interception des e-mails et des courriers, rétention des suspects sans contrôle judiciaire, tribunaux d’exception, et cette zone de non-droit qu’est devenue Guantanamo. Plus les fameux vols secrets de la CIA, qui permettaient « d’externaliser » la torture. À son arrivée au pouvoir, Barack Obama s’était engagé à supprimer ces mesures, ce qui a été fait en partie, et à fermer Guantanamo. Guantanamo est toujours ouvert.
— La reconstruction du bas-Manhattan veut être la preuve du dynamisme américain et new-yorkais, mais n’échappe pas à l’arrogance : on ne manque pas de vous préciser que l’immeuble le plus haut fera 541 mètres, 100 de plus que les défuntes twin towers (1776 pieds, la date de la déclaration d’indépendance des États-Unis). Cette arrogance est la même que celle des tours démesurées de Dubaï et (futures) d’Arabie saoudite, le pays d’origine de 15 des 19 terroristes du 11-Septembre. Étrange rapprochement.
— Le terrorisme se nourrit de la misère et de la haine, et la haine se nourrit en grande partie du conflit israélo-palestinien. On peut noter qu’aucune des résolutions votées par l’ONU et contraignant Israël n’a été appliquée, du fait de l'opposition systématique des USA à des sanctions. Ce qui est évidemment perçu comme une injustice insupportable par le monde arabe.
Le XXIe siècle a commencé dans le drame et la guerre. Essayons de rester optimistes pour espérer que nos descendants voient la fin de ces conflits (je renvoie prudemment l’échéance dans un futur pas trop proche, étant plus réaliste qu’optimiste) et qu’ils ne soient plus obligés de se déshabiller à moitié pour prendre l’avion.

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