dimanche 7 août 2011

Alphabet meurtrier

Standard & Poor's, la plus importante des agences de notation financière et économique, a donc dégradé la note des États-Unis (on imagine Barack Obama dans la cour de la caserne S&P, face à un triple rang de banquiers et d'investisseurs horrifiés, alors que l'analyste-chef en costume rayé lui arrache les galons "AAA" de ses épaulettes). Sitôt la nouvelle connue, les médias se sont précipités sur tous les économistes qui n'étaient pas en vacances. Quelles conséquences, quelles répercussions cette dégradation va-t-elle entraîner ? C'est grave, docteur ? Quand on lit les conseils ou les avis autorisés de tous ces experts distingués, on constate beaucoup de contradictions. Dans la liste des 400 plus grandes fortunes du monde que le magazine économique "Forbes" publie chaque année, à ma connaissance, il n'y a aucun économiste. Si ces gens-là savaient toujours quoi faire, ils seraient riches, non ?
Plus sérieusement, les agences de notation et les marchés boursiers vont obliger les dirigeants de la planète à faire, le dos au mur et dans l'urgence, ce qu'ils auraient déjà dû faire dans la sérénité et la coordination. Comme un écolier qui attend le dernier moment pour faire ses devoirs, dans la fébrilité et la précipitation. Pour un enfant c'est compréhensible, pour un grand dirigeant mondial c'est inadmissible. Les politiciens (et nous avec) vont payer cher la pitoyable pantalonnade américaine autour du relèvement du plafond de la dette, et les égoïsmes européens vis-à-vis des dettes souveraines.
En ce qui nous concerne, l'Europe économique va donc se faire de force, par la pression des marchés, et non pas par volonté.
Pour terminer, on peut être sûr d'une chose : s'il existait une agence de notation pour les politiciens, aucun d'eux n'obtiendrait la note AAA.

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